Aujourd’hui était un jour pourri. Oui, pourri. C’était bel et bien le bon mot pour décrire cette journée qui pourtant était à peine entamée. Enfin, quand je dis à peine, ce n’est pas comme si le soleil venait de se lever. Faut pas pousser mémé dans les orties non plus. Nan, ce que je sous-entends par à peine débutée, c’était que le soleil n’en n’était même pas à la moitié de son parcours. Pas même à son zénith. Quelques nuages gris parcouraient le ciel, mais il n’était pas près de pleuvoir. C’était donc un début de journée déjà pas terrible, si je puis dire. De plus, c’était l’un de ces jours où il ne fait pas chaud, mais pas trop froid quand même. Un de ces jours où on ne sait que faire, à part se balader en espérant faire une rencontre ou au moins trouver quelque chose pour s’occuper l’esprit un bref instant. Un de ces jours où l’on n’a plus goût à rien, où rien ne nous intéresse et que corps et esprit sont tout deux fatigués. Un de ces jours où l’on prie pour que le temps passe plus rapidement qu’à l’ordinaire. Mais comme c’est bien connu, le temps prend un malin plaisir à passer plus lentement quand on s’ennuie et beaucoup plus rapidement quand on est heureux. Le temps… quel sadique celui-là tout de même !
Aujourd’hui était un jour pourri. Oui, pourri. C’était bel et bien le bon mot. Du moins était-ce les pensées d’un certain individu sur les terres de WDL. Cet individu était en fait un loup. Plus précisément, une louve au pelage d’ébène et aux yeux de glace. Et pour cette louve, la journée débutait très mal. Premièrement, elle avait très mal dormi et était d’une humeur massacrante. Et alors qu’elle était enfin dans les bras de Morphée, une stupide boule de poil, plus communément appelée lièvre, lui était monté dessus, avant de se rendre compte que ce n’était point un joli petit coussin bien douillet comme il le croyait et de fuir le plus rapidement possible et le plus loin de ce prédateur encore somnolant. Ledit prédateur, à présent à nouveau réveillé, avait eut une subite envie de s’assommer contre un arbre ou un rocher, à choix. Encore allongée, la louve avait poussé un soupir à fendre l’âme et avait tentée de se rendormir. En vain. Le marchand de sable n’était pas repassé et la louve, ayant marre de ne rien faire, s’était levée après avoir longuement baillé, cause de sa nuit bien trop courte à son goût. Après quelques petits étirements pour se dégourdir les pattes, la louve avait décidé de quitter le dessous de son arbre et de partir elle ne savait trop où à la recherche d’elle ne savait trop quoi. Mais dès qu’elle avait levé la tête pour observer le temps qu’il faisait, sa mauvaise humeur s’était accrue. Un petit soleil, quelques nuages gris éparpillés dans l’immensité bleue, une température plutôt fraiche et un vent qui accentuait la sensation de froid.
Aujourd’hui était un jour pourri. C’était la première phrase qui lui avait traversé l’esprit en ce début de matinée. La louve noire s’était donc mise en marche. Elle avait rapidement quitté la Forêt Angevine pour atterrir sur le Plateau Verdoyant. Et de loin, elle avait aperçu le Rocher Dominant. Et vu qu’il n’y avait rien d’autre à faire en cette journée pourrie, la louve avait décidé de l’escalader, plus pour passer le temps que pour autre chose. Malheureusement pour elle, le rocher n’était pas si loin qu’il en avait l’air et l’escalade s’était avérée plus facile que prévue. Et maintenant, elle se retrouvait debout, au sommet du rocher, observant les terres qui s’étendaient sous ses pattes. Le soleil était haut dans le ciel, mais la journée était loin d’être terminée, au grand damne de la louve d’ébène.